Lily Gladstone (Siksikaitsitapi/Niimiipuu) : nominée dans la catégorie Meilleure actrice
Si Gladstone est la première Amérindienne originaire des États-Unis à être nominée dans cette catégorie des Oscars, elle n’est pas la première Autochtone. Merle Oberon (Māori) l’a été avant elle en 1935 pour son rôle de Kitty Vane dans le film de Sidney Franklin The Dark Angel. Plus de 60 ans plus tard, en 2003, c’est Keisha Castle-Hughes (Māori) qui est nominée pour son rôle de Paikea, la jeune héroïne de Whale Rider. Enfin, en 2018, c’était au tour de Yalitza Aparicio (Mixtec/Triqui) pour son rôle de Cleo dans Roma d’Alfonso Cuarón.
Ces nominations restent néanmoins marginales... Ce que Gladstone rappelle d’ailleurs dans une récente interview accordée à The New Yorker :
« Je n’arrête pas de le dire : il était plus que temps ! C’est la 96e édition des Academy Awards et nous sommes en territoire autochtone. Les peuples amérindiens sont des conteurs nés. Depuis des temps immémoriaux, pour comprendre qui nous sommes, nous avons en grande partie recours à nos histoires traditionnelles. C’est donc plutôt étrange qu’il ait fallu presqu’un siècle pour que nous franchissions cette étape et qu’aux États-Unis, une Amérindienne soit enfin nommée dans la catégorie récompensant une actrice dans un rôle principal. Il y a eu d’autres représentant·es autochtones auparavant : Yalitza Aparicio mais aussi Graham Greene et Chief Dan George dans la catégorie de meilleur acteur dans un second rôle. Il y a eu une certaine reconnaissance pour les Autochtones en général, mais comme vous le dites vous-mêmes, c’est très sporadique.
[...] Sterlin Harjo[, le réalisateur de Reservation Dogs], m’a dit [récemment] : "Toi et moi, nous avons réussi à enfoncer une porte. Or quand quelqu’un enfonce une porte en premier, il doit la retenir un peu et s’assurer qu’elle reste entrouverte." Parce que si vous vous dépêchez d’entrer en vous contentant de franchir cette porte, il y a de grandes chances qu’elle se referme derrière vous. Si je suis la première femme autochtone [d’Amérique du Nord à être nominée dans la catégorie de meilleure actrice], c’est en réalité le fruit de générations d’artistes qui m’ont précédée. On me donne ce titre de "première", mais c’est vraiment un titre de circonstance et ce qui est sûr, c’est que je ne serai pas la dernière. Et si j’ai en effet réussi à enfoncer cette porte, je la garde entrouverte encore un peu pour que d’autres puissent entrer avec moi.
[...] Et vous, les journalistes non autochtones (mais aussi vous toutes et tous qui m’écoutez) : je sais que quand je vous parle de cultures et de langues autochtones, vous entendez mes paroles au passé. Mais je vous assure que j’utilise toujours le temps présent - vous verrez, votre oreille finira par s’habituer à ce changement de perspective très subtil mais néanmoins très significatif. Merci. »
À voir : Lily Gladstone : Au loin, là-bas de Brooke Pepion Swaney
En novembre 2023, notre association participait au Festival Grand West de Quiberon qui nous avait confié la programmation des films autochtones qui y ont été projetés.
C’est dans ce cadre que nous avons eu la joie d’inviter la réalisatrice Brooke Pepion Swaney (Blackfeet) qui avait notamment présenté son court métrage documentaire sur l’actrice Lily Gladstone produit par PBS.
Un documentaire inédit en France que Sophie Gergaud, traductrice et présidente de De la Plume à l’Écran, avait sous-titré avec Brooke pour l’occasion. La version française est maintenant disponible ici :
Robbie Roberston (Mohawk/Cayuga) : nominé dans la catégorie "Meilleure bande originale"
En novembre dernier, à l’occasion de la sortie en salles de Killers of the Flower Moon, nous rendions hommage à Robbie Robertson, tout récemment décédé. Redécouvrez la passionnante carrière de ce musicien mohawk et cayuga originaire de la réserve de Six Nations, en Ontario, en (ré-)écoutant l’épisode de notre émission RUMBLE Radio qui lui était entièrement consacré :
Plus d’informations sur l’émission ici.