Ulivia Uviluk (Olivia Lya Thomassie) est née à Kuujjuaq le 21 août 1998. Elle vit entre Montréal et Kangirsuk, au Nunavik. Dès sa première participation en tant que réalisatrice avec le Wapikoni mobile, Olivia a voulu montrer à quel point les vêtements d’hiver inuit sont loin d’être désuets. Elle a participé à la campagne de Montréal autochtone contre la discrimination et a été coordonnatrice locale pour les ateliers du Wapikoni à Montréal et à Kangirsuk. Son film "Porter ma culture" faisait partie de la sélection Festival Ciné Alter’Natif 2019.
Inuit à la télévision québécoise : Clichés et stéréotypes est une tribune qu’elle a publiée dans La Presse + le 23/07/20.
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Les tentatives maladroites d’inclusion de personnes de couleur (noires ou autochtones) dans les différentes sphères, que ce soit dans la culture ou la politique, ne sont pas suffisantes.
Dès mon enfance, il m’arrivait rarement de m’identifier à un personnage de la télévision. Il y avait certains films réalisés par des Inuit, mais ce n’était pas suffisant. Malgré tout, je rêvais de devenir actrice. Depuis quelque temps, je commence à réaliser ce rêve, mais malheureusement, dans les derniers jours, j’ai dû refuser un rôle qui ne répondait pas à mes attentes parce qu’il véhiculait encore des stéréotypes sur mon peuple. (...)
On fait peu d’efforts pour représenter les Inuit qui ont un travail de 9 à 5, par exemple, ou ceux qui ont une famille, ou même les artistes qui se tiennent dans les studios de musique pour lancer un album entièrement en inuktitut. Ça, c’est mon quotidien. Les Inuit que je connais font tellement d’efforts pour unir notre peuple, nous rendre fiers et montrer qui nous sommes réellement !
Dans les médias, les Inuit que je connais sont visibles seulement dans des sections spécialisées « autochtones ». Depuis quelques années, les médias réalisent qu’ils représentent peu d’autochtones à la télévision, et encore moins des représentations positives. (...) Est-ce trop demander que d’avoir des rôles inuits positifs dans les grandes plateformes ? (...) Je n’accepterai plus de représenter les stéréotypes alors que j’ai passé tellement de temps à renseigner les gens sur ma culture et sur nos droits.Bien représenter les différentes origines ethniques à la télévision n’apporte que du bien à tous ; ça démontre de l’ouverture et ça reflète le Québec comme il est réellement constitué, mais ça nécessite de réels efforts de recherche. Nous, les autochtones, sommes épuisés d’éduquer sans cesse. Il serait plaisant de sentir un réel soutien, et ce, au bénéfice de l’ensemble des citoyens du Québec. Je sais que les Québécois aiment leurs productions télé ; j’appelle à ce que ce milieu prenne ses responsabilités à la hauteur de son influence médiatique.