FCAN 2024 : Lauren Schad, marraine du festival

, par  Sophie

Pour cette édition spéciale du Festival Ciné Alter’Natif entièrement traversée par la thématique "Sports. Autochtonie. Fiertés", inviter Lauren Schad à être notre marraine s’est de suite imposé comme une évidence.

Athlète professionnelle de haut niveau, ayant joué pour l’équipe de volley de Nantes pendant quatre années, Lauren Schad est une jeune lakota de Cheyenne River (Dakota du Sud), fière de ses origines, militante et ambassadrice de la Red Ribbon Skirt Society qui a pour but de sensibiliser sur les disparitions et les assassinats des jeunes filles, femmes et personnes LGBTQ2+ autochtones aux États-Unis.

Retenue au dernier moment par des obligations professionnelles aux États-Unis, elle ne pourra pas être présente physiquement pendant le festival mais voici le message qu’elle nous a transmis à votre attention.
Merci Lauren pour ta confiance et pour toutes les valeurs que tu portes et défends avec force et dignité !



Bonjour tout le monde,

Mon nom est Lauren Schad. Je suis lakota, originaire de la réserve de Cheyenne River dans le Dakota du Sud, et je suis vraiment honorée d’avoir été choisie pour être la marraine du Festival Ciné Alter’Natif cette année.

Je regrette profondément de ne pas pouvoir y assister. Pour autant, je suis extrêmement fière de voir que nos communautés sont représentées avec authenticité dans de tels espaces internationaux. Des événements comme celui-ci, organisés par des membres extérieurs aux nations autochtones, sont rares – surtout dans mon propre pays, aux États-Unis. La terre sur laquelle nous avons pourtant toujours résidé et d’où nous sommes originaires. Bien souvent, en tant que peuples autochtones, nous devons nous battre pour nous voir représentés de manière authentique et avoir la chance de proposer nos propres récits.

Je suis reconnaissante envers De la Plume à l’Écran, et envers vous toutes et vous tous, qui œuvrez pour inspirer les autres à découvrir la vérité. Ensemble, vous construisez pour les autres le fondement vers une meilleure compréhension, une meilleure représentation et pour que les choses avancent.

Quand on m’a annoncé que le thème du Festival Ciné Alter’Natif cette année était centré autour des thèmes du sport, de l’autochtonie et de la fierté, cela m’a semblé comme une évidence qu’il soit organisé à Nantes, où j’ai résidé pendant quatre saisons au cours de ma carrière professionnelle. Pendant cette période, j’ai pu constater de mes propres yeux le potentiel transformateur que peut offrir le démantèlement des stéréotypes archaïques sur les peuples autochtones.
Je me souviens de l’époque où, plus tôt dans ma carrière, ce n’était clairement pas le cas. J’ai souvent dû me battre et aller chercher les arguments nécessaires face à des individus à qui il fallait faire comprendre POURQUOI des événements comme le Festival Ciné Alter’Natif et les représentations qu’il porte sont importants. Je les suppliais d’écouter quand on leur disait que mon peuple était continuellement confronté à des difficultés et à des atrocités, dans son propre pays. Et que cela commençait par la façon dont nous étions perçus et présentés au public.

Nantes a toujours dûment soutenu ce combat. Chaque fois que j’ai eu l’occasion de m’exprimer, je me suis sentie encouragée. Chaque fois que quelqu’un n’était pas d’accord avec moi, je me suis sentie soutenue. Ma voix était amplifiée par les nombreuses personnes qui comprenaient l’importance d’apprendre des autres.

Quand on m’a annoncé pour la première fois que j’avais été choisie comme marraine pour le festival, j’ai lu et relu le courriel plusieurs fois. À vrai dire, j’étais très émue. Pendant la période que je viens d’évoquer, j’ai dû faire beaucoup d’efforts d’un point de vue émotionnel et mental pour pouvoir continuer à m’exprimer. Il y a eu des moments où, souvent, je me suis sentie seule ou perdue.
Voir aujourd’hui comment ma communauté est mise en valeur et, surtout, célébrée, c’est quelque chose qui me touche profondément. Je me dis que, finalement, tous ces moments difficiles valaient la peine d’être vécus.

Je ne suis qu’une des nombreuses personnes de talent au sein de ma communauté. Je ne représente qu’une seule nation parmi des centaines d’autres. Mais être représentée ici, dans cet espace, avec vous toutes et vous tous, c’est l’un des plus grands honneurs qui puissent m’être faits. J’espère que vous retiendrez de cette expérience incroyable le pouvoir qui est le nôtre quand on s’unit et l’impact que l’on peut avoir lorsque nous travaillons toutes et tous un peu plus dur pour nous connecter et faire preuve d’empathie les uns et les unes envers les autres. Je vous en serai éternellement reconnaissante.

Merci d’avoir fait votre part. Merci de nous avoir écouté·es. Et merci de nous avoir donné un espace où nous nous sentons libres et compris·es.
Merci de m’avoir permis d’être là, par la pensée. Je serai de tout cœur à vos côtés pendant le festival.
De telles expériences me confortent dans l’idée que lorsque nous osons exprimer ce en quoi nous croyons, les bonnes personnes nous écoutent et un véritable impact devient alors possible.

Pilamaya ye (Merci).

Lauren Schad
Lakota de Cheyenne River | Hunkpapa & Miniconjou
Ex-athlète professionnelle
Ambassadrice Nike N7
Ambassadrice de la Red Ribbon Skirt Society Healing the Globe (en soutien aux jeunes filles, aux femmes et aux personnes LGBTQ2+ autochtones disparues et assassinées)


Voir en ligne : Télécharger le programme complet au format pdf